Record, écologie et négociation : le triple défi de Kilian Jornet

Le trail running vient de gagner en intensité, porté par l’ascension médiatique de Kilian Jornet, un athlète habitué aux records vertigineux et aux engagements écologiques. Le 22 mars 2025, il a révélé son ambition de gravir plusieurs sommets de plus de 4000 mètres dans les Alpes, suscitant plus de 10 000 partages sur les réseaux sociaux en 24 heures. Au-delà de la performance sportive, cette fulgurante popularité éclaire un contexte marqué par un bras de fer avec l’UTMB, une pétition visant Dacia et la légitimité des sponsors dans le trail.

Contexte bouillonnant autour de l’UTMB

Depuis l’été 2024, diverses tensions agitent la sphère du trail. Le 21 mars, Kilian Jornet participait à une réunion virtuelle avec les officiels de l’UTMB, comme Zach Miller et d’autres coureurs d’élite, pour clarifier les politiques de l’UTMB World Series. Les négociations portent notamment sur les règles de qualification, la transparence et l’impératif d’inclusivité. Les discussions semblent avoir progressé, même si chacun attend de réelles avancées. Le 23 janvier avait déjà été l’occasion d’un premier échange : à cette date, Zach Miller rappelait que « Kilian et moi étions heureux d’avoir ces discussions initiales, mais ce que nous voulons voir, c’est de l’action et des changements » (Trail Runner Mag).

Ce jeu d’équilibriste consiste, pour l’UTMB, à préserver son aura sans ignorer des athlètes devenus de vrais leaders d’opinion. Selon une approche inspirée par la formation “Négocier pour convaincre” du centre AFIB, trouver un accord suppose de cibler les intérêts communs en amont de toute table ronde et de faire émerger des propositions concrètes : davantage de clarté sur les procédures, une communication plus fluide et le respect de principes environnementaux de plus en plus scrutés par le public.

L’écologie, un enjeu brûlant

Le 20 mars, Jornet franchissait un nouveau cap en demandant officiellement que l’UTMB rompe avec son sponsor automobile Dacia. Cette requête, soutenue par plus de 2000 coureurs, renvoie à la cohérence entre l’image du trail et la réalité du partenariat. Ultrarunner Magazine rapporte que Lizzy Hawker et Emelie Forsberg font partie des signataires assumant cette démarche. Jornet souligne : « Aujourd’hui, si nous avons le luxe de choisir, nous devrions privilégier l’avenir plutôt que le profit ».
Cette pique place l’UTMB dans une position délicate : accepter de perdre un sponsor majeur ou risquer de ternir sa réputation auprès de pratiquants très sensibles aux considérations écologiques. C’est un cas typique d’arbitrage entre intérêt financier immédiat et image de marque à long terme, un dilemme régulièrement abordé dans les cours qui traitent du rôle des critères émotionnels et des valeurs fondamentales lors de négociations complexes.

Records sportifs et vision entrepreneuriale

La trajectoire de Kilian Jornet ne se limite pas à l’ascension de pics enneigés. Son palmarès, étalé sur plus d’une décennie, inclut quatre victoires à l’UTMB (2008, 2009, 2011, 2018) et de multiples titres en Skyrunning. Il a également entrepris de promouvoir sa propre marque, alignée sur une philosophie d’entreprise durable. Selon B The Change, l’athlète est devenu ambassadeur B Corp et cofondateur de NNormal, prônant la conception de produits responsables et la sensibilisation du public à l’impact de ses choix quotidiens.

Une telle position démontre qu’il n’est pas seulement un compétiteur, mais aussi un négociateur capable de faire entendre ses valeurs auprès d’acteurs économiques. C’est un bon exemple du « savoir-adapter son discours » : rassembler les sponsors, rassurer les organisateurs et convaincre l’opinion. Les principes de l’écoute active, de la définition claire des objectifs et de l’argumentation constructive, tous mis en avant dans la formation “Négocier pour convaincre”, s’appliquent ici pour concilier performance sportive et impact sociétal.

Conjuguer dépassement et persuasion

La récente annonce des 4000 mètres alpins, relayée plus de 10 000 fois en moins de 24 heures, illustre l’effet de halo entourant Kilian Jornet. Sa présence médiatique s’appuie sur sa légitimité sur le terrain et sur une communication accomplie.
Pour ceux qui souhaitent renforcer leurs propres facultés de discussion et d’influence, le programme “Négocier pour convaincre” insiste sur plusieurs méthodes : la préparation minutieuse, le recours à des données fiables, la culture d’un climat de confiance et la quête de compromis réalistes. Dans un univers hautement compétitif, ces atouts font la différence, que l’on négocie des partenariats, un calendrier de course ou des conditions financières.

Perspectives

Les enjeux soulevés vont bien au-delà du sport. La tendance à voir des athlètes de haut niveau prendre position sur des questions environnementales oblige les organisateurs à adapter leurs pratiques. L’UTMB se trouve face à la nécessité de revoir sa politique de partenariat si elle veut conserver son statut prestigieux et le soutien de coureurs influents. Kilian Jornet, de son côté, maintient un discours cohérent entre ses objectifs sportifs et ses convictions écologiques.
Pour l’ensemble des observateurs, cette situation sert de modèle pragmatique : la négociation ne se limite pas aux dirigeants d’entreprises, elle s’observe aussi chez les athlètes qui discutent fermement avec leurs sponsors ou leurs instances de tutelle. Au final, pour résoudre de tels conflits d’intérêts, l’écoute, la sincérité et la capacité à innover occupent une place de choix. Et c’est précisément cette approche qui nourrit l’inspiration de nombreux amateurs de trail, passionnés de nature et adeptes d’une pratique sportive responsable.